Terre des Maures et Royaume du nomadisme où poteries d’Afrique du nord et or du Soudan passaient de mains en mains,
Terre d’échanges sillonnée pendant des siècles par les grandes caravanes venues troquer le sel du désert contre le mil de la savane,
La Mauritanie, ouverte seulement au tourisme depuis 1997, est un pays fascinant et encore méconnu aux innombrables richesses à découvrir.
Empilées les unes sur les autres au fil du temps par des couches de sable successives, toutes les autres maisons d’un temps révolu gisent encore, ensevelies sous des dizaines de mètres de sable. Enfouies aussi, les douze Mosquées de la ville d’origine, qui, à environ 4 km de là, portait alors le nom d’Abweir. Sur ces douze mosquées, une seule et unique, au minaret surmonté d’œufs d’autruche, signe bénéfique au Sahara, se dresse désormais, fière et courageuse, au centre de la vieille ville.Le sable, les rats…et l’Unesco
Saïf, « l’Erudit de Chinguetti », religieusement penché sur ses manuscrits multi centenaires, est responsable d’une des douze bibliothèques que compte la ville. Il fait partie des irréductibles qui se battront jusqu’au bout pour ne pas retrouver un jour ses manuscrits enfermés « ad vitam aeternam » dans les vitrines des musées de Londres, New York ou Paris, sous prétexte de « Patrimoine Mondial ». « C’est Dieu qui protège nos manuscrits, pas l’Unesco ! », clame-t-il.« C’est Dieu qui protège nos manuscrits, pas l’Unesco ! »
Il faut dire que, comme des milliers d’autres écrits conservés, tant bien que mal, dans toutes les autres bibliothèques de la ville, la plupart des Manuscrits de Chinguetti sont aujourd’hui mangés par les rats, ou rongés par les vents de sables implacables du Sahara qui entoure la ville. Histoire de dissuader définitivement toute velléité de rachat ou de « déplacement » de son « patrimoine », jalousement gardé de génération en génération, Mohamed a même crée, avec sa famille, sa propre Fondation, la « Fondation Sidi Mohamed Ould Habott ». La vocation principale de la Fondation, m’explique Mohamed, est la sauvegarde et le développement de l’héritage familial, ainsi que la « répartition équitable des revenus générés par la bibliothèque entre les nécessiteux ».La « Fondation Sidi Mohamed Ould Habott »
Affalé sous sa tikit et muet jusqu’à présent, le voilà qui s’appuie soudain sur ses avant bras avant de crier à la cantonade, le plus sérieusement du monde :Le court silence qui suit est vite brisé par Ahmed, jeune et très ambitieux entrepreneur mauritanien marié à une française,
qui désire, plus que tout, embrasser une carrière politique et s’engager fermement pour l’avenir de son pays.